A-FREE-CAN | LIVRES, Soins & Beauté > Essais: "DU CHEVEU DÉFRISÉ AU CHEVEU CRÉPU: De La Désidentification à La Revendication" par Juliette Smeralda
- «Avez-vous remarqué ce qui se joue à travers le cheveu, dans les familles antillaises ? Bien des espoirs d’ascension sociale à travers la «dénégrification» sont placés dans la texture des boucles enfantines. Gare aux cheveux à «ti-zéro», les mamies n’aiment pas ça, et ne manqueront pas de vous comparer aux «beaux cheveux» de votre cousine plus claire, aux cheveux plus «plats», DONC plus fortunée que vous !» (Micaela)
- «Il nous est arrivé de plaisanter en pleine rue un camarade, en criant à tue-tête Pimpon, Pimpon ! Uniquement parce qu’il faisait causette avec une jeune fille au cheveu crépu. Aucune goujaterie ne nous rebutait.» (Roger)
- «Parmi les raisons immédiates qui expliquent que les filles aspiraient tellement à avoir les cheveux lisses, figure l’attitude des garçons de l’époque, qui étaient d’une méchanceté sans limite. Ils n’hésitaient pas à vous traiter de «tet prèv», «zéro et zéro je retiens un», tet jex, lorsque vous aviez les cheveux crépus. Cependant lorsque nous les défrisions, ils s’amusaient à nos dépends en nous traitant de «kas an fè», de «chivé fri» ou «aérodrome ravet’», autant d’insultes, expression d’un mépris et d’un dénigrement qui faisaient leur chemin dans nos cerveaux d’adolescentes, et nous conduisaient inéluctablement vers le rejet de nous-mêmes, de tous nos attributs négroïdes sur lesquels nous apprenions, au quotidien, à poser un regard négatif. L’attitude stigmatisante des garçons à notre égard était responsable du conflit intérieur qui déchirait les jeunes filles que nous étions.» (Milka)
- «Juliette Sméralda attire l’attention sur les conséquences pernicieuses de la consommation, par les petites filles noires, des objets ludiques telles les poupées occidentales aux cheveux blonds, aux yeux bleus et à la peau blanche. Les petites filles noires finissent, selon elle, par s’identifier à ces objets ethniques, à force de les coiffer – geste par lequel elles s’habituent à la texture et à la couleur du cheveu lisse et long –, alors qu’elles ne bénéficient d’aucune expérience parallèle, qui les habituerait à la manipulation de la texture crépue de leurs propres cheveux crépus ou frisés». (Yves)
- «Après analyse de mon parcours, il m’apparaît qu’aimer son cheveu n’est pas un acte spontané, mais un apprentissage. Aujourd’hui c’est un acquis pour moi. Grâce à cela, j’ai finalement pu dépasser le processus d’aliénation dans lequel j’étais prise, et suis aujourd’hui à l’aise avec mon image et beaucoup mieux "dans ma peau".» (Aline)
L'AUTEURE: Juliette Smeralda est , sociologue, professeure d'université et chercheure.
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150 pages | Broché | Dimensions: 24 cm x 17 x 0,9 | ISBN-10: 2748397231 | ISBN-13: 978-2748397239 | Parution: 26 novembre 2012